vendredi 16 décembre 2016

Latitude 53°37'00" sud

Latitude 53°37'00" sud


À 60km au sud de Punta Arenas, péninsule de Brunswick, la petite baie de Puerto del Hambre offre son cadre à un pique-nique au point austral ultime de ce voyage.
La lumière est si pure !
............... le soleil est si beau !


Se découvrir petit grain de sable dans la longue histoire du détroit cinq fois centenaire et, descendus de moto, s'asseoir au bord de l'eau qui a vu passer en 1520 le navigateur portugais, Hernando de Magallanes (Magellan).


Il y a quelques jours, des panneaux indiquaient " Ruta del Fin del Mundo " Effectivement, on veut bien se sentir au " bout du monde ", face aux eaux du détroit de Magellan comme un désert des Tartares marin. Sauf que ce petit port charmant, avec ses quelques abris précaires, et sa petite flottille de bateaux de pêche, est un "bout du monde" habité et vivant.



Sur le chemin qui vient de la ville, les fleurs se marient à la mer et à la lumière... et l'on voit que certains ont su bien choisir où implanter leur résidence.


Dans la ville de Punta Arenas, une évidence s'impose, amusante : on aime la statuaire historique ou patriotique. Les demeures, les avenues, les places, le front de mer en sont garnis. C'est la trace d'une époque. 

 



 


La mer, partout présente, a inspiré les taggeurs, les grapheurs et les sculpteurs de la ville......

...... dont les oeuvres regardent les flots......
  



...... ou en font leur sujet.

Hangar de tôle "rhabillé"

Mur trompe-l'oeil.

   
Totems. 

Un musée en plein air très sympathique au nord de Punta Arenas permet de toucher du doigt les réalités de la navigation dans ces eaux inhospitalières. Il présente des reconstitutions grandeur nature de la caravelle Nao Victoria de Magellan,

du HMS Beagle de Fitz Roy et Darwin, pour l'exploration scientifique de la Patagonie en 1836 ;

de l'Ancud qui amena en 1843 les colons chiliens pour prendre possession des terres australes. Ils édifièrent le Fuerte de Bulnes pour surveiller le passage des bateaux sur la route maritime ; base rapidement abandonnée au profit du site de l'actuelle Punta Arenas  ;
de la chaloupe James Caird qui permit à Shackleton d'échapper à l'Antarctique en 1916 et de rallier le Chili pour revenir ensuite sauver les membres de son expédition.

Musée très agréable car on monte librement dans les bateaux et on peut prendre la mesure (terriblement réduite) de l'espace disponible
 ou s'imaginer aux commandes dans la tempête ou la bataille,


 où encore admirer de belles pièces d'accastillage ou de charpenterie




 Dans l'écomusée près de l'hostal, les objets et les personnes sur les photos disent justement ce temps qui a passé. Celui des gens et des choses qui ne sont plus.

  




Mais tout ceci est lointain, enfoui dans le passé.



On est un petit maillon dans la longue chaîne des années où l'on apparaît fugitivement.



"How many roads must a man walk down ......?
The answer is blowin'in the wind." 
Parce que Bob Dylan fait parler de lui en ce moment, prix Nobel oblige.

"Ce sont amis que vent emporte,
Et il ventait devant ma porte....."
Joan Baez chantait Rutebeuf.


Dans le cimetière, signalé, comme remarquable par les documents de l'office du tourisme, ou au bord de la route pour le mouton, on se couche une dernière fois.

Sans être des navigateurs, il est l'heure de reprendre la route. La boussole va faire un 180° ; fini de descendre vers le sud, c'est plein nord désormais avec comme objectif final Cartagena das Indias en Colombie.
Mais pour l'instant, la cible est la ville de Puerto Natales, porte d'entrée pour le Parc National des Torres del Paine.

Etape très cool de 250km et sans spots particuliers à visiter en chemin. Pas de station essence entre le départ et l'arrivée, il n'est donc pas trop question de musarder de droite et de gauche. 

Cette Terre de Feu est venteuse, très. . . . et pourtant le paysage installe la sérénité. On est calme. . . . . .

...... aussi placide que les moutons australs même pas émus par  les eaux du détroit.







Il y a une discordance des sens : le toucher et l'ouïe éprouvent le vent ; la vue souvent l'immobilise.

Kilomètre après kilomètre, on se laisse porter par la moto et l'esprit bat la campagne librement.


Du temps pour sentir que le vent souffle fort, voire très fort, mais que - l'habitude aidant - rouler dans ces conditions est devenu aisé. On a la bonne technique dans la décontraction ; bien loin des sensations fortes des premières rencontres avec les rafales au nord de l'Argentine.

Paysage sans surprises marquantes sinon de belles estancias 

et quelques animaux pas vus jusque là : petite troupe de flamands roses, mais qui restent à bonne distance.

Soudain, les Andes dans le lointain dont on s'approche progressivement ; il faudrait pouvoir zoomer de façon accélérée. En tout cas, un plaisir pour les yeux et la sensation d'aller vers un nouvel univers qui fait déjà envie.




A l'arrivée la ville de Puerto Natales étonne, étalée au bord de sa baie sur la pente du coteau, sans pratiquement aucun immeuble... mais, à 51°43'39" de latitude sud, avec un vent "à décorner les boeufs" qui balaie certains axes orientés comme il faut et laisse dans un calme trompeur les autres rues.



Envolons-nous vers les Torres del Paine avec l'indien.




7 commentaires:

  1. Vous avez renoncé à passer le détroit pour passer en Terre de Feu, et à pousser jusqu'à Ushuaia ? Est-ce parce qu'il n'y avait pas de bac entre Punta Arenas et Porvenir, ou parce que la route de Porvenir à Rio Grande s'annonçait trop mauvaise ? Je ne vous cache pas que j'ai été déçu de ne pas avoir d'images de la Tierra del Fuego... Même si toutes les images que vous nous envoyez me font saliver d'envie ! (étonnant tout de même comme la côte à Puerto del Hambre paraît familière : on se croirait en Bretagne ! S'il n'y avait pas toutes les autres photos, on se demanderait presque si nous ne nous avez pas raconté des bobards, et si vous n'êtes pas plutôt allés à Portsall qu'en Patagonie !). Cela dit, même si j'ai pris le voyage en cours de route (à Buenos Aires), je suis complètement accro à votre blog, et j'attends avec impatience chaque nouvelle étape ; c'est formidable comme vous savez nous faire rêver en racontant votre voyage.
    " Etonnants voyageurs! quelles nobles histoires
    Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers!
    Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
    Ces bijoux merveilleux, faits d'astres et d'éthers.
    Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile!
    [...]
    Dites, qu'avez-vous vu? "

    Merci !

    JP

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    1. Oh là ! Baudelaire... ce commentaire nous gâte. Merci.

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  2. septentrional, vous avez dit "septentrional" ? tiens comme c'est septentrional !

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  3. Oh là ! C'est vraiment la fatigue... Je me crois en Norvège, montant vers le cercle polaire. Correction faite. Merci.

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  4. Cet art dans la rue, partout ces peintures murales, ces sculptures et puis ces paysages, toujours aussi attirant cette Argentine que nous n'avons qu'effleurer il y a bientôt un an.
    Bonne continuation

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  5. Bonjour, je vois que les "jeunes" s'éclatent toujours autant surtout dans cette région où il est trés difficile de rouler surtout en moto et sur du rupio. Nous sommes sur El Chalten pour Noël, où serez vous?
    Cordialement
    Philippe et JO

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