Hommes aux semelles de vent, vous voilà servis !
Depuis des jours et des jours, vivre avec le vent ; on finit pas en être imprégné. À se demander par instants s'il existe des arbres qui grandissent verticalement.
Dans plusieurs posts il en a été question. Mais c'est une histoire sans fin qui habite le motard sur sa machine tandis que ses pensées tournent en boucle et que mille images, mille mots, mille émotions se bousculent.
On est tout de même allé aux écoles, et on n'a pas échappé à des centaines de vers et d'aphorismes sur le vent. Nous avons tellement d'images qui nous ont paru illustrer la présence du vent durant ces jours passés ! En voici en vrac , une série que des poètes qui n'ont pas trouvé leur inspiration sur une moto, pourraient avoir anticipées.
(PS : on rappelle qu'en cliquant sur une photo, vous la voyez en plein écran et pouvez les faire toutes défiler)
"Le vent me vient, le vente m'évente...
Et il ventait devant ma porte."
"Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou ! "
"Je veux partir. . . . . . Je veux aller
Là où ce vent n'a plus de feuilles mortes à rateler."
"Quand on eut déposé tous les agrès...
On se laissa conduire par le vent."
"Hurrah ! la bise siffle au grand bal des squelettes."
"Un furieux vent d'ouest fait gémir les sapins et les mélèzes."
"Aux premiers vents favorables, nous nous sommes préparés au départ."
"Et l'on entend aussi se lamenter l'autan."
"Et que l'homme n'est rien qu'un jonc qui tremble au vent."
" L'âme qui aime le vent s'anime aux quatre vents du ciel."
"Le vent semblait grandir avec les heures et remplir tout le paysage."
"Pourquoi fuis-tu ainsi devant le souffle du vent ? "
"Le vent
Hésitant
Roule une cigarette d'air "
"Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est..... pour le vent être léger "
L'homme dont le vent garde le souvenir.
Le Mausoleo Incayal, tout simple, à El Bolson, nous arrêtera quelques minutes ; il témoigne de l'élimination des peuples Tehuelches.
"Combien de routes un homme doit-il parcourir
Avant que vous l'appeliez un homme
Écoute, mon ami, la réponse dans le vent."
Et avant de laisser dans nos souvenirs la Patagonie qui nous a accueillis pendant près de quatre semaines, un ultime clin d'oeil à cette "
Contrée".
Les Ents sont revenus !
Dans une petite ville, Gobernador Gregores, les trottoirs s'animent avec des créatures, mi-humains, mi-arbres. Sont-ce les Ents ?
J.R.R. Tolkien ne renierait pas ces oeuvres. On y retrouve l'esprit de la chanson des Ents :
"Lorsque le printemps déroulera la feuille du hêtre et que la sève sera dans la branche
Reviens vers moi ! Reviens vers moi et dis que ma terre est belle !"
Les gens de Patagonie sont fiers de leur terre rude. On les comprend car elle a la beauté de son austérité venteuse.
Clap de fin !
Mais non !
En quelques heures de route, nous avons basculé dans un autre univers. A peine le temps de jeter un dernier regard aux plaines désolées, c'est l'immersion dans la montagne avec l'impression d'être soudain dans les massifs d'Europe. Une accélération du temps qui étonne.
La maison forestière au détour d'une courbe, avec le pin/sapin (?) le plus massif jamais imaginé.
Voici les sommets et les crêtes enneigées, les lacs, les sapins ; des végétations familières.
Laurent propose du coup un bivouac dans les bois ; aussitôt suggéré, aussitôt accepté !
Chacun sa technique : le hamac entre les arbres ou le matelas autogonflant à côté de la moto.
Et le ciel au plafond.
Une petite séance de botanique en prime car en ce début d'été les fleurs sont partout : lupins, campanules, églantiers.....
Au passage, une impressionnante forêt sur pieds, morte !
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Étouffée à la suite d'une éruption volcanique |
Nous sommes désormais bien engagés sur la route du nord et le saut des Andes vient de se faire.
La frontière à été passée sans trop d'attente et avec un moment de sourire en compagnie du douanier pour une leçon de vocabulaire impromptue à grands éclats de rire :
Adios (?) ... Au revoir.
Buon viaje ! (?) ... Bon voyage.
Les routes ont bien changé ; c'est le moment de profiter de belles courbes dans des vallées boisées pour redescendre vers la plaine côtière de Osorno et Valdivia. Bien sûr, on ne passe pas auprès d'un tel rucher sans une petite sympathie...
... un autre aussi !
Ah non, c'est une coquette cité ouvrière en construction ; plutôt jolie par rapport à des HLM.
On est dans le Chili moderne, propre, actif, organisé ... et la politique d'encouragement à utiliser les vélos pour se rendre au travail ne recule pas devant un peu d'humour. "Fin de piste cyclable !"
Ce qui n'interdit pas un saut dans le passé lorsqu'on croise sur la grand route un attelage à l'ancienne qui rentre son bois.
Chiloe ne sera pas au programme car le récent tremblement de terre a abîmé l'accès et les amis osorniens de Anne-Sophie nous l'ont déconseillé.
Suivons le pendule de Tryphon Tournesol ; il indique le nord